Article de presse du 9 mai 2009 - Inscris-toi gratuitement et surfe sans pub !
Dans la tête des criminels
Il y a bien un fossé entre la fiction et la réalité… A mille lieues de Chloé Saint-Laurent, la rousse héroïne douée mais lunaire de « Profilage », dont la saison 1 s'achève à 20 h 45 sur TF 1, la « vraie » psychocriminologue, conseillère pour cette série, Michèle Agrapart, adopte un discours beaucoup plus réfléchi.
« Je ne me reconnais pas en elle, mais c'est normal : la Une voulait créer un personnage de fiction décalé dans la veine du docteur House » assure la seule psychocriminologue agréée à la Cour de cassation, qui a toutefois trouvé très crédibles les policiers qui entourent l'héroïne : "Guillaume Cramoisan et les autres acteurs incarnent de vrais flics de terrain, plus vrais que nature, comme j'en ai rencontré beaucoup dans ma carrière".
LaFan des « Experts Miami » ou de « FBI : Portés disparus », cette professionnelle, blonde et pimpante, n'avait encore jamais collaboré pour la télévision. « J'ai accepté pour Profilage à cause du duo de scénaristes, de leur écoute intelligente. Je leur parle de dossiers jugés, je livre des pistes de travail… Elles écrivent des histoires et nous les revoyons pour que tout soit plausible. Elles s'adaptent aux indications psychologiques que je leur donne. La cohérence est là : j'ai été associée à tout, jusqu'aux dialogues. »
Quand elle évoque son métier, Michèle Agrapart tient à la même précision. Surtout ne pas la confondre avec un profiler de cinéma à l'oeuvre immédiatement sur le lieu du crime pour traquer un tueur en série « Ce concept vient des Etats-Unis mais il n'existe pas de métier de profiler en France, insiste l'experte judiciaire près de la cour d'appel de Paris et professeur à l'institut de criminologie (Paris-II). Au départ, j'enseignais la psychologie criminelle à des directeurs d'enquêtes de la gendarmerie. J'ai commencé à travailler avec eux. Des juges m'ont confié des analyses criminelles. J'en ai fait une soixantaine. Il s'agit d'étudier tout ce qui a trait au crime (mode opératoire, expertises…) et surtout la personnalité de la victime pour établir le lien qui l'unit à l'auteur. »
Après une grave agression dans le cadre d'un dossier, Michèle Agrapart décide de suspendre cette activité. « Cela m'a calmée. Depuis 1990, je pratique des expertises pénales. » Crimes de sang, viols, agressions sexuelles, sectes…
Qu'elle se déplace en prison ou reçoive à son cabinet, la spécialiste a rencontré
3 000 auteurs présumés et victimes pour en brosser le portrait psychologique. « Je ne suis pas blindée… Il y a des jours où je pleure, j'appréhende un procès. Avoir une vie privée stable et saine aide à faire la part des choses », confie cette passionnée de cuisine et d'oenologie, qui publiera un livre sur les femmes criminelles à la rentrée.
Chaque jour, elle continue aussi de recevoir ses patients. « Le crime ne paie pas. Je vis de mon cabinet de psychologie clinique. Et j'y tiens. Comment voulez-vous dire qu'un enfant présente des troubles si vous ne savez-pas comment il fonctionne au quotidien ? »