16 avril 2009

Chloé, profession profileuse à  Paris « Elle est pleine de défauts. Elle est juste humaine »

On ne vous connaît pas encore très bien, pouvez-vous nous parler de vous ?

Je ne viens pas du tout du milieu du cinéma et de la télé. J’ai fait une prépa H.E.C, puis un DEUG de sociologie puis de psychologie. Parallèlement à ça j’ai commencé à apprendre le chinois avant de bifurquer vers le tahitien. Après ça, j’ai voulu me lancer dans la comédie, ça m’a prise d’un coup. J’ai donc pris des cours de théâtre et j’ai décidé de stopper tout ce qui n’était pas en rapport avec le métier d’actrice, dans le but de pouvoir m’y consacrer pleinement. J’ai donc joué dans des films, notamment dans Podium (une des claudettes), mais aussi dans Un long dimanche de fiançailles, et plus récemment dans Cyprien. En 2008, j’ai passé six mois au théâtre à Paris pour la pièce Oscar avant de me retrouver dans l’aventure Profilage.

Votre parcours sort de l’ordinaire, devenir comédienne a été un gros pari ?

Oui, j’ai bien flippé, et mes parents aussi (rires). Mais j’étais obligée de le faire, c’était un vrai besoin. Je me suis dit : « J’essaye. Au pire, si ça ne marche pas, je retourne à mes  études ». J’ai pris le risque, mais j’ai été totalement inconsciente ! (rires)

Qu’est-ce qui vous a amené jusqu’à l’aventure Profilage ?

À cette période, j’étais au théâtre le soir, et sur le tournage de Cyprien la journée, j’étais vraiment fatiguée. J’avais donc décidé de me prendre des vacances. Mais voilà, mon agent est venu m’annoncer qu’il y avait un casting pour un rôle récurrent dans une série de TF1. Comme j’ai adoré le scénario, j’ai bossé mes essais comme une tarée et je l’ai fait. En voyant les images le réalisateur m’a appelé en disant que c’était une évidence pour lui de me voir incarner Chloé. Les images ont été soumises à TF1 qui a validé son choix.

” J’ai adoré le scénario et j’ai bossé mes essais comme une tarée ”

Lunaire, maladroite, évaporée au point qu’elle semble parfois un peu autiste : pouvez-vous nous parler de ce personnage vraiment à part ?

Oui, c’est vrai. Elle est à la limite de l’autisme, mais ça reste un autisme que je qualifierai de « social ». En même temps, on est tous un peu autiste à nos heures, et comme je ne voulais pas d’un personnage lisse, mon but était surtout d’éviter la poupée Barbie ou je ne sais quelle héroïne stupide. En m’inspirant de ce que j’ai lu du scénario, je ne voulais pas d’un personnage cliché, je l’ai voulu pleine de défauts. Humaine. Donc oui, elle est imparfaite, oui elle a un côté un peu enfantin, mais c’est ce qui la rend vraiment attachante, et touchante.  

Où êtes-vous allé puiser l’inspiration pour interpréter Chloé ?

C’est une bonne question ! J’avais discuté avec les scénaristes, et parallèlement j’ai une idée en lisant le scénario. C’est parti très vite, et tout s’est construit hyper rapidement dans mon esprit. Je suis également allé chercher dans son passé, dont je ne peux encore rien révéler pour l’instant, mais ce passé a fait qu’à un moment, elle a basculé dans une espèce de monde parallèle qu’elle s’est construit pour se protéger après un drame. Mais en tant qu’actrice, ce que j’ai trouvé très intéressant, c’était de répondre, à travers le personnage de Chloé, à un problème de société qui consiste à tout uniformiser. J’aime les individualités, les gens qui ont leur propre personnalité.

” J’aime les individualités, les gens qui ont leur propre personnalité. “

Si je vous dis que Profilage est une équation fondée sur  Les Experts Miami (pour l’ambiance, les couleurs, la musique), Profiler, et Julie Lescaut (pour les cheveux uniquement), me trouvez-vous juste ou injuste ?

  Ce n’est pas vrai ! Pour Profiler, vous dites ça à cause du titre. Et pour Julie Lescaut, je ne peux pas vous laisser dire ça. Donc je trouve l’équation tout à fait fausse (rires). Concernant la couleur des cheveux, il est vrai que ça a été une crainte de la production. Personnellement je la voyais rousse, et eux étaient plus orientés vers un blond vénitien. Mais selon moi, ce n’était pas cohérent, car ça ne reflétait pas du tout le personnage. Alors j’ai dit non, elle est rousse et point barre. En revanche, je sais que la vraie référence visuelle de notre réalisateur est la série Dexter, ce qui est super car il a réussi l’exploit de recréer, dans Paris, cette ambiance si particulière au niveau des lumières.

Vous avez imposé la couleur de ses cheveux, allez-vous mettre votre petite touche au personnage de Chloé dans d’autres domaines ?

 (Elle rit) Je n’ai pas imposé la couleur des cheveux de Chloé…je l’ai suggéré intelligemment ! C’est vrai que je défends ce personnage bec et ongles, envers et contre tout. On a voulu me faire un teint un peu plus bronzé, j’ai refusé. Les histoires de costumes ont été assez drôles. Pour moi, elle n’est ni dans l’image, ni dans la séduction. On était partis sur des robes mais sans vraiment trouver le style juste. Il a été suggéré le mot « sexy ». Là, j’ai tout de suite décroché mon téléphone en demandant quelle était leur définition du mot « sexy », car soit nous n’avions pas la même, soit nous n’étions pas du tout d’accord sur le personnage. Du coup, il a ensuite été question de « fantaisie ». J’ai envoyé au réalisateur la photo d’une robe un peu « excentrique » que j’avais vue à Londres, avec des imprimés de chats, un peu dans l’esprit « Alice au pays des merveilles ». Il a adoré, et je suis donc partie à Londres acheter tous les costumes de Chloé.  

Chloé est un personnage indéniablement original. Mais quelle est-ce selon vous la seule originalité de cette nouvelle série ?

Non, je pense que la série parvient aussi à ne pas tomber dans les clichés, notamment en ce qui concerne sa relation avec son Capitaine. D’une relation un peu chien/chat, on a évolué vers beaucoup plus de moments de comédie. Je trouve ça sympa ce qui se passe entre eux. A un moment donné, il faut arrêter de se prendre la tête tout le temps, le sujet est bien assez sérieux comme ça. Par ailleurs, je trouve que le réalisateur à réussi à créer un univers visuel jamais vu en France. Nous sommes partis dans des univers très colorés qui collent merveilleusement à la série.

Propos recueillis par Florence Chartier à Paris