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Interview d'A. Manoukian Monde

Dans les rues de Chamonix on le reconnait certainement plus que la plupart des musiciens invités à la première édition du Cosmojazz Festival, organisée du 27 au 29 juillet. "Bonjour Dédé !" Une photo souvenir, un autographe. André Manoukian, directeur artistique du festival, aurait certainement beaucoup d'autres choses à faire, mais accepte sans rechigner toutes ces demandes. Il est après tout une vedette de la télévision pour sa participation, depuis 2003, au jury de l'émission "La Nouvelle Star". C'est là qu'il est devenu "Dédé".

André Manoukian, né à Lyon le 9 avril 1957, dans le quartier de La Croix-Rousse – "d'où, sous certaines conditions météos, on peut voir le Mont-Blanc" – est aussi, d'abord, un auteur-compositeur, arrangeur, pianiste et producteur. Fou de jazz, fou de musique, il a fait ses débuts en jouant free, après des années de piano classique, est passé au jazz-rock, a été élève à la prestigieuse Berklee School of Music, de Boston, fut à l'origine de la carrière de la chanteuse Liane Foly, a collaboré aussi bien avec le pianiste Michel Petrucciani que le chanteur Charles Aznavour. Pour Le Monde, il revient sur sa vie de musicien et la naissance de son petit dernier, le Cosmojazz Festival de Chamonix.

Quelle a été votre formation de musicien ?

Mes parents étaient commerçants, mon père jouait du piano et du violon, en amateur. J'ai découvert Bach vers l'âge de 5 ans et j'ai suivi des cours de piano classique. A 13 ans, je découvre le pianiste de jazz Fats Waller, qui a été une révélation. Je me suis mis à repiquer, à l'oreille, tout son jeu de ragtime, le stride, très complexe dans le rapport main gauche et main droite au clavier. J'habitais Lyon, et vers 17 ou 18 ans je passais mes soirées à la fois au Hot Club de Lyon, qui était plutôt jazz classique. Ensuite l'Association à la recherche d'un folklore imaginaire, l'ARFI, m'a emmené vers d'autres territoires, free, expérimental.

En 1979, je suis parti à la Berklee School of Music, de Boston. Là j'ai tout pris, le bop, l'harmonie, l'arrangement, le travail sur les gammes, les modes. On faisait des relevés de solos de John Coltrane à l'oreille, sans instruments, directement sur le papier. A mon retour, au début des années 1980, j'ai débuté médecine, mais à un moment j'ai su que c'était la musique qui allait me guider.

Vous devenez musicien professionnel dans le jazz et puis il y a la rencontre avec la chanteuse Liane Foly qui vous fait bifurquer vers la composition de chanson, la production…

J'avais eu un groupe plutôt jazz-rock, qui s'appelait Spheroe, puis un autre Horn Stuff, avec des arrangements de cuivres, du funk, des trucs expérimentaux. On était en studio et pour l'un des thèmes je cherchais une voix. Elisabeth Kontomanou, qui était âgée de 18 ans, était là. On a essayé et ça a été le déclic. Je pouvais trouver une relation entre mes compositions et la voix humaine. Là je suis tombé dans le "côté féminin de la force".

La rencontre ave Liane Foly c'est en 1984. A Lyon, j'avais monté un studio, Les Producteurs, avec Philippe Viennet. On a vécu en écrivant des jingles, des spots publicitaires. Philippe écrivait les textes, avec une belle distance, de l'ironie, et je composais. Et Liane faisait les voix. Elle sonnait très bien en anglais, mais il a fallu des mois pour trouver le bon son pour sa voix, son phrasé en français. Ensuite, vers 1987, 1988, il y a eu les premiers succès : Ça va, ça vient, Au fur et à mesure et Doucement.

Dans les compositions, je glissais toujours des choses du jazz. Des trucs à la Ellington, des accords de blues. En tournée, on partait avec une petite formation, piano, basse, batterie, Hervé Gourdikian, au saxophone, qui a été invité pour le Cosmojazz. C'était non-stop, les concerts, la production en studio, où j'ai appris énormément, le travail d'écriture avec Philippe et Liane, les arrangements. Puis nos chemins ont divergé. Mais depuis je suis toujours à l'écoute des chanteuses. J'ai travaillé avec Malia ; son père est anglais et sa mère du Malawi. On a fait trois albums, avec moins de retentissement en France, c'est vrai, mais dont je suis très fier.

Qu'est ce qui vous a fait revenir au jazz ?

L'Arménie. Je m'explique. En 2007, en raison de ma notoriété télévisuelle avec "La Nouvelle Star", je suis contacté pour une émission de témoignages sur la diaspora arménienne. A la maison, on ne parlait pas du génocide, de l'histoire de l'Arménie. Pas par déni, mais plutôt parce que c'était un moyen de ne pas entretenir la haine. Donc je me découvre, avec cette proposition, membre de la diaspora. A un moment, la productrice me demande de jouer un air arménien. Là je suis un peu paumé.

J'ai alors un lointain souvenir d'une chanson de ma grand-mère. J'improvise dessus, avec le jazz qui n'est pas loin. Cela m'a donné le courage de me remettre au piano et d'explorer ce rapport entre majeur et mineur, la mélancolie, le spleen, la part de blues, expression d'une chose perdue, qui passe dans la musique arménienne et dans le jazz. J'ai enregistré un disque [Inkala] qui allait dans cette direction, j'ai repris les concerts. D'une certaine manière, j'osais y aller sans me planquer derrière une chanteuse.

Vous avez enregistré pour le célèbre label Blue Note, vous donnez une soixantaine de concerts par an. Votre notoriété vous a-t-elle aidé ?

Je connaissais le responsable de Blue Note France, Nicolas Pflug, depuis dix ans. Nous avons travaillé ensemble régulièrement. Si mon statut de personnalité de la télévision a été pris en compte par Blue Note ? C'est certain. Ensuite, en studio ou en concert, si la musique n'est pas là, on ne peut pas faire illusion longtemps.

Vous avez eu besoin de prouver quelque chose au "milieu" du jazz ?

Non. Le jazz j'en ai joué, longtemps, je continue. Je sais ce que je vaux techniquement, j'ai de l'oreille, les musiciens avec qui je joue me jugent là-dessus. Je ne me paye pas un petit plaisir. Je n'ai pas non plus de frustration, d'envie maladive de reconnaissance. Je n'ai aucun souci avec mon image télé, d'amuseur. Dans "La Nouvelle Star", dès que je peux parler de jazz, je le fais, je pousse les candidats à aller vers cette musique.

Et maintenant vous êtes à l'origine d'un festival de jazz, à Chamonix…

L'idée remonte à deux ans. La ville avait besoin d'un projet culturel. J'ai une maison ici, je suis un passionné de montagne. Et j'ai proposé un festival de jazz. Je voulais que l'on puisse jouer dans les sites naturels, que cela tienne du happening. Eric Fournier, le maire et les services culturels ont dit OK tout de suite. Les responsables de la Compagnie du Mont-Blanc, qui gère l'accès au domaine montagneux et skiable, aussi. Ils ne m'ont donné aucune directive sur la ligne artistique. Ensuite il a fallu que je m'y mette. Disons que je ne suis pas le roi de l'organisation. On a mis en place une équipe avec Stéphanie, ma compagne, qui est responsable de la coordination et avec Carine Zuber, qui est la programmatrice du Cully Jazz Festival, en Suisse. Les choses n'ont pris forme que début avril. Ce qui est très court.

Le festival dure trois jours, avec des musiciens qui font le lien entre le jazz, les musiques du monde, dont certains sont connus pour leur travail de recherche, d'expérimentation. C'est cela votre ligne artistique ?

C'est le socle. Ici, les gens de montagne sont cultivés, curieux. Ils voyagent. Donc ils s'attendent à une certaine qualité, des découvertes. C'est un atout important. Il y a de nombreux sites où mettre la musique en relation avec la montagne mais il faut pas que ce soit gadget. Pour cette première édition, des musiciens népalais ont joué sur l'Aiguille du midi. On le refera s'il y a les artistes adéquats pour jouer aussi haut. Ce n'est pas une obligation chaque année. Je voudrais aussi que des musiciens jouent sur les circuits de randonnée, en bordure de forêt... Il faut que les musiciens aient eux mêmes envie de jouer dans des lieux inhabituels, c'est là que repose toute la magie du concert.

Propos recueillis pas Sylvain Siclier

Ecrit par cocoanne 
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