Interview d'André Manoukian

Interview dans le CinéTéléRevue du 3 juin 2010
réalisée par Bernard Alès

"Je n'ai pas le sens du ridicule"

André Manoukian a été élu juré préféré de "Nouvelle Star". Ce soir, dans un épisode de la série "Profilage", il joue un producteur qui fait passer des castings. Ca ne s'invente pas !

Dans Profilage, on vous découvre en manipulateur pervers et obsédé sexuel. Vous ne craignez pas de ternir votre image de séducteur ?

Pas du tout ! J'ai vu l'épisode et je trouve que je ne fais pas assez méchant. Ce qui m'intéressait, c'était justement d'interpréter un rôle de composition. C'est un petit clin d'oeil, je ne suis pas comédien, je fais juste des apparitions dans des séries. On me demande souvent de jouer autour de mon personnage. Cette fois, ce n'est pas le cas.

Un lien avec "Nouvelle Star" existe bel et bien, puisque vous êtes censé faire passer des castings...

Dès qu'il y en a un à faire, c'est pour moi ! Mon personnage est un producteur de films de charme qui a violé certaines de ses actrices.

Ce sont des castings un peu particuliers : il faut coucher !

Oui. Ceux de "Nouvelle Star" sont beaucoup plus clean. (Rires).

Vous n'avez donc pas de grandes ambitions de comédiens ?

J'ai énormément de boulot avec la musique, le piano notamment. Mais comme je suis curieux d'expériences nouvelles, quand on me le demande, j'y vais. On m'a proposé un autre rôle de producteur dans un univers complètement dingue et j'ai accepté.

Auteur, compositeur, pianiste, juré et comédient. Tout vous intéresse ?

Explorer des territoires fait partie des devoirs d'un artiste. Incursions littéraires ou musicales, pour moi, c'est la même chose. Ca fait partie des nourritures que je dois absorber si je veux garder l'enthousiasme d'un môme.

Vous êtes juré à "Nouvelle Star" depuis la première édition. Pourquoi êtes-vous tant attaché à cet exercice ?

Parce que ce sont à chaque fois de vraies rencontres musicales. L'an dernier, Camélia, cette année, Luce, Lussi et Benjamin. L'exercice est plaisant et je suis en très bonne compagnie. Beaucoup de gens rêvent de faire cette émission, j'ai la chance d'y être, pourquoi bouder mon plaisir ?

Vous allez jusqu'à dire que vous prenez votre pied...

Oui, parce qu'il y a de la bonne musique. C'est un petit espace de liberté dans ce monde formaté.

Vous vous êtes défini comme un "philosophe psycho-érotico-cosmique". Décryptage ?

Je ne me prends pas pour un philosophe, mais j'aime bien quand on me taxe de poète lunaire. Je n'ai pas le sens du ridicule, c'est pourquoi je me permets le luxe de penser à voix haute, en direct, devant des millions de téléspectateurs. Parfois, je ne sais même pas où je vais atterrir.

Au bout de toutes ces années, vous auriez pu lasser...

C'est vrai. Je ne l'avais pas vu comme ça. En tout cas, je suis avec des gens que j'aime. On ne peut pas faire un truc comme ça aussi longtemps si on ne prend pas du plaisir. Mes anciens camarades ont arrêté parce qu'ils n'en éprouvaient plus.

Il y a au moins un point sur lequel le jury n'est pas divisé : pour tous, 2010 est un bon cru.

Les gens nous le disent aussi. C'est chouette de voir cette haute tenue musicale. Ca met du baume au coeur à un moment où la musique ne va pas bien.

Ca doit être d'autant plus difficile de voir les candidats partir...

Ce qui me fait le plus de peine, c'est le départ de Benjamin. De toute façon, c'est une belle expérience qui a l'air de les nourrir d'une manière intense. Qu'elqu'un me disait qu'il avait l'impression que les mômes sortaient de là plus forts, meilleurs.

Vous voyez qui en finale ?

J'aimerais bien Luce, Lussi ou François. Mais ma préférée reste Luce.

Vos enfants ont 8 et 10 ans. Regardent-ils l'émission ?

Un petit peu. Ils sont pour Ramon à fond ! Je leur filerais des beignes, moi, je vous jure ! (Rires) C'est un chouette personnage, il attire la sympathie, mais il n'est pas très intéressant musicalement. Pour moi, c'est un chanteur de plage, il y en a beaucoup comme lui.